Blocage Lille 3
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Forces policières dans les universités

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Message  Sylvia Ven 14 Déc - 12:56

Les CRS sont intervenus hier après midi à Lille pour un déblocage en force, à coups de matraque et de gaz lacrymogène. Je n'ai pas envie de commenter ce procédé déplorable et triste, mais je tiens à communiquer la lettre d'une enseignante de Lyon II, vision terrifiante d'une université régie par la force et la brutalité qui me semble bien plus éloquente .

Objet: Témoignage Lyon II

Alice Verstraeten enseigne à l'université de Lyon II.

Bonjour à tous, Ma fac (Lyon II) s'enfonce tous les jours un peu plus dans le mépris des étudiants et dans un logique policière qui m'inquiète profondément., Les médias ne nous suivent pas, ne relayent rien, s'auto censurent ou se font censurer., Tout a commencé avec la Loi Pécresse de réforme des Universités, signée dans la précipitation cet été par le président de la fac, Monsieur Journès.Certains étudiants et enseignants s'opposent à cette loi., Les étudiants ont choisi le blocage de l'Université comme mode d'action. On peut être pour ou contre, je ne suis pas sûre que ce choix ai rendu service aux manifestants et à leur image mais aujourd'hui, à la limite, peu importe. On a, pour l'instant, dépassé ce débat.,

Depuis quelques jours, le président de l'Université a fait appel aux "forces de l'ordre": des vigiles privés, très jeunes, non asermentés, arrogants et dépassés par les événements, patrouillent dans la fac avec au bras un brassard orange marqué "sécurité". Ils apostrophent tout le monde, tutoient tout le monde, et nous demandent de justifier de notre présence dans l'Université en montrant notre carte "cumul" (une carte magnétique d'étudiant ou d'enseignant qui sert aussi de carte de bibliothèque et de carte... de paiement dans l'enceinte de la fac... ce qui, en soit, ne me plaît déjà pas beaucoup)., Il semble bon de rappeler qu'une Université est, selon la loi, un "établissement public à vocation scientifique et culturelle"..., Les étudiants qui manifestaient scandaient à l'encontre des vigiles, hier matin: "Voyous, racailles." Car certains d'entre eux s'amusent à retenir les étudiantes pour les draguer, d'autres en sont venus aux mains avec des étudiants de leur âge, une étudiante a été "étranglée" avec son écharpe pour qu'elle dégage un passage., A l'entrée principale du campus de Bron, et rue Chevreul sur lle campus des quais du Rhône, dès 7h30 le matin, tous les jours, les CRS arrivent pour déloger les étudiants qui protestent. 9 cars de CRS devant le campus de Bron, 9 cars de CRS devant le campus des quais de Rhône. Ils sont, régulièrement, soutenus par la gendarmerie mobile., J'étais là, hier matin. Deux de mes étudiantes m'avaient dit avoir été "molestées" par les CRS la veille et voulaient que j'en sois témoin. Eh bien oui, ils les plaquent au sol, les jettent plus loin, les matraquent dans le ventre et sur la tête.,

Sur les quais, hier, deux leaders syndicaux étudiants (un de Lyon 2, l'autre de Lyon 3) ont été désignés du doigt par des policiers en civil avant d'être poursuivis dans une rue adjacente par les CRS. Ce qui signifie, nous sommes d'accord, qu'un travail préalable "d'information" a été effectué et que ces arrestations sont ciblées pour détruire les mouvements syndicaux., Les deux hommes sont en garde-à-vue et devraient être déférés à la Justice aujourd'hui même (donc: il existe désormais des comparutions immédiates pour les manifestants, vous serez prévenus). Dans un communiqué odieux et mensonger, la présidence de la fac dit qu'ils sont "extérieurs àl'Université" et que ces arrestations sont survenues après des troubles. Il n'y a pas eu de troubles autres que la manifestation pacifique, nous sommes plusieurs enseigants à en être témoins., Un étudiant a été blessé et, une fois aux Urgences, a hérité de douze points de suture sur le crâne. Des étudiants ont été mis en joue au flashball., Des policiers en civils sont toujours là, dont un homme sur mon campus: de "type méditerrannéen", il porte une grosse doudoune noire, un talkie walkie dans une poche, un appareil photo dans l'autre. Lui et ses camarades filment longuement les manifestants. S'ils ont effectivement été convoqués par le président de l'Université dans le seul but de permettre aux étudiants qui veulent suivre les cours d'entrer dans la fac, pourquoi filment-ils? Doit-on ajouter la DGSE à la liste des membres du personnel de l'université?, De notre côté, enseignants ou étudiants, ils nous empêchent un maximum de filmer. Ce qui siginifie que les images disponibles sur youtube et sur dailymotion ne sont pas à la hauteur de la réalité.,

Face à cette situation, plusieurs enseignants, dont je suis, ont refusé de faire cours. Je refuse d'entrer dans une fac investie de forces de police, de gendramerie et de vigiles privés non asermentés. Je refuse de montrer des papiers d'identité pour me rendre sur mon lieu de travail. Je refuse de me faire bousculer par des CRS. Je refuse de me faire tutoyer avec mépris par des individus que je ne connais pas. Je refuse d'entendre un vigile insulter un de mes collègues (pourtant munis du sac en cuir typique de l'enseignant, pourtant plus honorable que moi dans l'allure avec ses cheveux blancs) en lui disant "J'vais t'fumer toi, j'vais t'fumer.", Nous ne sommes pas, que je sache, dans un état policier. Ou alors il faut nous le dire clairement, parce que cela signifie que les règles du jeu ont changé. Je croyais que l'on avait le droit de grève dans notre pays., Je crois que ce qui m'inquiète le plus, c'est de recevoir des communiqués de la Présidence affirmant que la situation est désormais "normale"., SI CETTE SITUATION ESTNORMALE, JE DEMISSIONNE., D'autre part, pour permettre l'action des ces policiers, militaires et vigiles, toutes les sorties de sécurité sont bloquées. Certains enseignants et étudiants s'obstinent à faire cours dans une ambiance délétère et dangereuse. Ce qu'ils risquent purement et simplement, en cas d'incendie, c'est de brûler vifs dans des locaux qui sont déjà vétustes., Je joins à ce message la "Lettre ouverte à la présidence de Lyon 2" rédigée par des enseignants (datée d'avant hier 5 décembre et déjà dépassée par les événements d'hier),
ainsi que le dernier message de la présidence elle-même, pour que vous puissiez juger vous-même de la mauvaise foi, du mépris et des ronds de jambe du langage qui se banalisent dans notre environnement politique et médiatique., Ce message est, bien sûr, à faire passer si vous en ressentez le besoin.,
Alice Verstraeten
Sylvia
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Message  jambondacier Sam 15 Déc - 19:34

Voici une vidéo de l'intervention des forces de l'ordre à Lille 3. Pour la voir, cliquez ici. Inutile de lire certains commentaires, cela vous ferez trop mal au coeur (dont un, court mais efficace : "bloqueurs = terroristes", c'est dire la qualité de l'argumentation).

Je suis écoeuré, scandalisé, furieux que des étudiants soient évacués d'une université par des CRS. Ceux qui participent au savoir, ce sont les enseignants et les étudiants. L'université leur appartient. Cette main-mise de M. Dupas sur ce qu'il prend pour son fief est tout simplement scandaleuse. Autant je pouvais trouver il y a quelques jours encore le slogan "Dupas : démission" un peu à côté de la plaque, autant je pense aujourd'hui qu'il ferait mieux de démissionner s'il ne souhaite pas perdre le reste de crédibilité qu'il a, et de respect qu'il mérite.

jambondacier

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Message  Sylvia Lun 17 Déc - 15:31

Je transmets de nouveau une autre lettre, qu'une enseignante de Lille 3 a envoyé à ses collègues, au sujet du comportement du corps enseignant face à la présence des forces de l'ordre à Lille 3.

Chers amis, chers collègues,

Voici le lien, connu de quelques-uns déjà, pour voir l'intervention policière de jeudi soir : https://www.dailymotion.com/relevance/search/pont-de-bois/video/x3r2vr_deblocage-lille-pont-de-bois_politics

Comme je l'ai déjà écrit à quelques-uns, en réponse à un mail de Jean-Christophe Delmeule qui faisait suite à l'intervention des CRS, je suis, comme plusieurs, voire beaucoup d'entre vous, je suppose, inquiète et indignée ; et je copie-colle un petit paragraphe de cette réponse que tous n'ont pas eue : “Je suis, quant à moi, indignée, choquée, scandalisée pour tout dire — et plus encore lorsqu'on met cette intervention policière en parallèle avec le communiqué du Président (site Lille 3) et avec le bruit qui circule que les Directeurs d'UFR appelleraient à “reprendre les cours”, “normalement” la semaine prochaine.
Ce “normalement” est inqualifiable dans la situation où nous sommes : je suis quant à moi, au contraire, en accord avec ce paragraphe de la motion du SLU Lille 3 que je copie ici :
Tant que les forces de l'ordre sont présentes, nous appelons les collègues à exercer leur droit de retrait (ce qui signifie en particulier pour les enseignants le droit de ne pas faire cours), compte tenu de l'impossibilité de remplir nos missions dans ces conditions.

Je me permets d'autre part de répondre dans ce mail à certains propos entendus jeudi après-midi dans l'UFR ( à certains qui m'ont été tenus à moi, sans agressivité je dois le dire, mais avec une pointe d'ironie, qui auraient pu être comme une amorce de discussion, laquelle a obligatoirement tourné court ; et à certains autres que j'ai entendus) en même temps qu'à certains courriers reçus par tous ou par une partie de nous.


Je pense que sont introduites dans le débat — lequel, hélas, n'a justement pas eu lieu — de fausses questions, des fixations sur des effets de la situation à Lille et des réactions étonnantes de la part d'intellectuels et de lecteurs, réactions qui peuvent se résumer en une acceptation de l'inévitable (la loi est de toute façon votée…) ou en un déplacement, en l'occurrence de mauvaise foi (cf. Appel à une autre réforme, site Sauvons la Recherche), de l'opposition à cette loi, qui devient, dans le discours de quelques-uns, opposition à toute “réforme” de l'Université. Je suis comme Jean Delabroy (propos rapportés dans un mail collectif précédent) et crois qu'il n'y a aucun argument réel en faveur de cette loi, aucun autre argument que “Nous ne pouvons pas rester à la traîne” ou “De toute façon, l'Université fonctionne mal, donc, acceptons une loi, quelle qu'elle soit, cela ne pourra être pire“.Si vous avez lu vraiment la loi et les analyses qui en ont été faites ici et là, vous devriez savoir que, si, cela peut être bien pire.

Si, ayant vraiment lu la loi elle-même et / ou les analyses d'universitaires et de chercheurs (sur les sites de Sauvons la Recherche, de sauvons l'Université, de Fabula — qui a , je le signale, depuis un certain temps, une section entière consacrée à la loi LRU), si donc, en vraie connaissance de cause, vous êtes pour cette loi, vous pouvez arrêter ici la lecture.

Pour les autres, je rappelle le titre de ce mail : “Savoir ce que l'on veut”. Ce qui veut dire, donc : sommes nous opposés à la loi LRU ?

Si nous le sommes, nous ne pouvons dire, étant donné le comportement de la Présidence (je ne parle pas des CRS, en l'occurrence, lesquels étaient une des suites possibles de ce comportement), “je suis contre la loi et contre la blocage” : tout simplement parce que c'est mettre sur le même plan une opposition à une loi et à son esprit, et une opposition à un moyen d'action. Quant au blocage lui-même, j'ai déjà dit, et à des étudiants “bloqueurs” également, que j'aurais été, moi, et que j'étais, pendant longtemps, plus que réticente également quant à ce moyen d'action. Mais, à partir d'un certain moment, étant donné le silence conjugué des médias et de notre Président, les étudiants ne pouvaient plus lever le blocage : c'est une évidence (cf. le “normalement” signalé ci-dessus, qui serait arrivé plus vite).

Qu'aurait-il fallu faire ? Que faudrait-il faire ?
Le Président aurait dû, depuis longtemps, faire la seule chose qui pouvait faire lever le blocage : un vote proposé à tous les personnels de l'Université, demandant simplement si nous sommes Pour ou Contre l'application de cette loi. (Chose qui, comme vous le savez, a été faite pour les étudiants : presque 80 % de Contre : résultats jamais affichés sur le site de Lille 3.)
Si, comme c'est probable, comme je persiste à l'espérer, une majorité s'était déclarée Contre la loi, le blocage pouvait être levé : nous pouvions être en même temps Université en Lutte et Université qui fonctionne (avec des aménagements évidents : pas de cours ni d'examens pendant les AG, par exemple : mais il n'y aurait pas eu, alors, trois ou quatre AG par semaine…)

Dire maintenant (je passe à “l'argument” du La loi est votée, etc.) que nous ne pouvons plus rien faire puisqu'une loi pareille ne sera pas abrogée, en particulier parce que tout le monde s'en fout, c'est tenir un “raisonnement” indigne d'un intellectuel : pensez un peu à tout ce qui n'aurait pas été fait si l'on avait accepté de cette manière l'état des choses depuis que le monde existe. Je n'insiste pas.

Dire enfin que l'Université est dans un tel état que n'importe quoi vaut mieux que l'état actuel est également, pardon si j'en blesse quelques-uns pour qui j'ai de l'estime et de l'amitié, un “raisonnement” indigne d'un intellectuel.

Je me permets de faire passer sur le site SLU Lille 3 la motion que nous avions adoptée en réunion du département le mardi 27 novembre, celle qui n'a pas même été lue au C. A. : étant donné que l'UFR de Psychologie a adopté une motion et a indiqué les Pour et les Contre, étant donné que la situation s'est durcie chez nous, je n'ose pas prendre sur moi de faire comme nous avions alors décidé, c'est-à-dire d'occulter les Contre (j'indique donc : 29 pour, 7 contre).

Je me permets aussi de vous signaler qu'il y a, sur le site national de Sauvons l'Université, un communiqué qui s'intitule “Lille 3 : situation bloquée”, et qui porte non sur cette semaine mais sur la semaine précédente :
www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article98

Je me permets enfin non pas de “faire la leçon” aux collègues que cette remarque concernerait mais d'exprimer un avis sur ces cours qui se tiennent tandis qu'il y a blocage, voté par les étudiants (je sais que ce vote et ces résultats n'apparaissent pas sur le site de Lille : mais il a eu lieu, de façon tout à fait régulière : il y avait des enseignants — pas moi, d'autres —, un juriste même) : je ne crois vraiment pas que, à part bien sûr pour les cours dont il a été décidé qu'ils auraient lieu (concours en particulier), il soit normal de faire cours à trois ou quatre étudiants, de faire faire des Devoirs, etc. C'est évidemment, et même en ne pensant qu'aux étudiants eux-mêmes, sans parler donc du principe, c'est évidemment, disais-je, d'une injsutice qui doit vous apparaître.

Bien à vous tous
Sylvia
Sylvia
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